L’ombre de Gray Mountain- John Grisham

L'ombre de Gray Mountain - John GrishamJC Lattès – 2015 – 450 pages

••••• Résumé

Nous sommes en 2008. La carrière de Samantha Kofer dans un grand cabinet d’avocats de Wall Street est sur des rails dorés… Mais la récession frappe soudain. La jeune femme se retrouve du jour au lendemain au bas de l’échelle, limogée, raccompagnée vers la sortie, quasiment jetée dehors par une escorte de vigiles. Samantha a toutefois de la « chance » dans son malheur ; un cadeau de ses supérieurs : si elle accepte de travailler gratuitement pendant un an dans un centre d’aide juridique, elle pourra peut-être réintégrer sa place au cabinet.
En quelques jours, Samantha quitte donc Manhattan pour s’installer à Brady, en Virginie, une bourgade de deux mille deux cents âmes au cœur des Appalaches, un recoin du monde où elle n’aurait jamais pensé mettre les pieds. Mattie Wyatt, une figure éminente de Brady et directrice du centre juridique, va lui montrer comment aider « les vrais gens ayant de vrais problèmes ». Pour la première fois dans sa carrière d’avocate, Samantha va préparer un procès, connaître la violence des salles d’audience, se faire réprimander par un juge, recevoir des menaces de la part de gens qui n’apprécient guère qu’une avocate de New York mette son nez dans leurs affaires. Elle va apprendre également que Brady, comme nombre de petites villes, cache de lourds secrets.
Ce nouveau travail va entraîner Samantha dans les eaux troubles et dangereuses de l’exploitation minière, une terra incognita où il n’y a ni lois, ni code du travail, ni respect des biens et des personnes. Deux camps s’opposent. La population s’entredéchire. La montagne elle-même est en danger, attaquée de toutes parts par les sociétés de charbonnage. La violence est partout. Et, en quelques semaines, Samantha va se retrouver emportée dans un combat judiciaire dont l’issue sera fatale.

••••• Mon avis

J’ai adoré

J’ai démarré ce livre avec un léger parti-pris, puisque l’auteur m’avait déjà conquise avec ses précédentes œuvres. Et bien que ce ne soit pas son meilleur roman – à mon goût – j’ai tout de même adhéré avec plaisir à cette histoire mélangeant à parts égales combat écologique, économique et bien sûr, juridique.

J’y ai découvert Samantha, jeune avocate New-Yorkaise mise au chômage par la crise de Wall Street de 2008, et qui accepte de travailler bénévolement dans le centre d’aide juridique d’une toute petite ville des Appalaches. Elle y découvre la misère, l’injustice, et surtout la toute-puissance d’une industrie minière prédatrice des hommes et de l’environnement. En effet, les mines de charbon à ciel ouvert détruisent non seulement la nature en décapitant littéralement les montagnes, mais elles provoquent également des pertes humaines avec leurs éboulements et l’empoisonnement de l’eau par les boues toxiques qu’elles dégagent. Aux côtés de Mattie, la responsable du centre et de Donovan, son neveu, Samantha va devoir s’adapter et apprendre à combattre la corruption et le cynisme des trusts.

Les personnages sont bien campés. Certains sont très humains, d’autres très inhumains, mais ils ont quelque chose d’attachant pour la plupart, en particulier Donovan, jeune avocat dont la vie a été ruinée par les compagnies minières et qui en a fait un combat personnel. J’ai aussi été touchée par les divers personnages secondaires qui peuplent le récit, témoins de cette population impuissante face à la suprématie des multinationales.

C’est surtout à partir des premières affaires de Samantha au centre d’aide que j’ai vraiment retrouvé Grisham. Au travers de ces gens de l’Amérique profonde, qui n’ont tout simplement pas les moyens de se payer un avocat, j’ai renoué avec sa critique impitoyable du système judiciaire américain et sa lutte contre les injustices. Enfin, j’ai redécouvert en Samantha et Donovan les chevaliers blancs chers à l’auteur, ces héros faits de valeurs et de convictions qui n’hésitent pas à défendre les plus faibles face à un système sans foi ni loi.

+++++ Ce qui m’a vraiment plu

L’engagement du livre. John Grisham pointe du doigt la difficulté des « petites gens » à se faire entendre face aux grandes sociétés, et l’effondrement de l’environnement. Des sujets brûlants d’actualité.

Le style. Fidèle à lui-même. Une plume toujours fluide, soutenue par une impeccable documentation.

– – – – Ce que j’ai moins aimé

Le temps qu’on met à rentrer dans l’intrigue. Les véritables enjeux du livre apparaissent tard, laissant traîner quelques longueurs en début de livre.

Un léger manque de tribunaux. Comparativement à ses autres romans, l’action se passe plus en extérieur que dans les salles d’audience, ce qui m’a un peu laissée sur ma faim.

••••• Pour conclure

Bien qu’un peu long à se mettre en route, ce livre reste un très bon Grisham, où l’on retrouve tous les ingrédients qui font de chacun de ses romans un succès. J’ai été particulièrement sensible au sujet de l’environnement, et à la question de l’exploitation du charbon. J’attends désormais le prochain livre avec impatience…

Pour vous mettre dans l’ambiance, voici une citation qui résume bien, je trouve, l’état d’esprit du livre :

« La Kroll a estimé que ça coûtait moins cher de laisser mourir les gens que de faire les travaux. »

••••• A qui plaira ce livre ?

A tous les fans de Grisham, bien sûr. Aux amateurs de romans policiers en général, et plus spécifiquement à ceux qui se plaisent au milieu des avocats, des tribunaux et des procédures judiciaires. Enfin, à toutes les personnes touchées par la question de l’environnement.

Claire

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